Une lecture de Roland Cailleux
CRITIQUE EN UNE PHRASE. Une lecture de Roland Cailleux (Gallimard, 1949 ; Le Rocher, 2007).
Ceux qui se demandent qui était le lecteur zéro de la Recherche (comme en épidémiologie on parle du patient zéro, le premier infecté par un virus, dans la documentation d’une épidémie), ce lecteur qui, le premier, a été en position de lire le roman-fleuve dans son intégralité et dans son édition princeps, ceux-là doivent se jeter sur Une lecture de Roland Cailleux, un roman d’analyse autobiographique, inclassable, dont le sujet est la lecture de la Recherche par Bruno, chef d’une entreprise de verrerie, qui met sa convalescence à profit pour se plonger dans Proust, un bain, un baptême qui changera à tout jamais sa morne et vaine existence ; Cailleux, un des premiers homéopathe français, gastro-entérologue à Châtel-Guyon pendant la saison thermale et médecin d’André Gide, avait lui-même vendu toute sa bibliothèque en 1924 (il n’avait que 16 ans) pour pouvoir acquérir tous les volumes de la Recherche, une révélation à l’origine de sa vocation d’écrivain et de ce récit, dont les dialogues et les situations amoureuses ont plutôt mal vieilli, mais dont l’intérêt est ailleurs, dans la déflagration métaphysique que le grand œuvre peut produire chez quiconque ose en soulever la couverture.
PS. Ces derniers jours, une dispute m’a opposé à un lecteur de cet article, Richard Lejeune, au sujet du nombre de volumes de l’édition princeps de la RTP. J’avais écrit « 15 volumes » et M. Lejeune avançait huit volumes. Il avait tort et moi aussi. L’édition originale présente sept tomes « saucissonnés » en 13 à 15 volumes. Par exemple les Jeunes filles en fleurs ont été publiées en un volume, puis deux et même trois, rendant ce décompte complexe. Dans le but de ne pas transformer l’espace de commentaires en ring de boxe, j’ai supprimé intentionnellement nos échanges et corrigé cet article. N.R., le 23/01/20.
3 Comments
NATUREL Mireille · 21 janvier 2020 at 18 h 47 min
Je vous conseille la lecture de l’article de Michel Schneider « La guérison par la lecture » dans le volume « Littérature et médecine » que j’ai dirigé. Schneider commence ainsi : « Il s’appelait Roland Cailleux. »
Nicolas Ragonneau · 22 janvier 2020 at 9 h 31 min
D’accord.
Richard LEJEUNE · 23 janvier 2020 at 9 h 16 min
Merci à vous, M. Ragonneau, pour ce post-scriptum ajouté à votre article : il me sied parfaitement.
Pour rebondir sur l’expression « ring de boxe », me permettez-vous de simplement ajouter que, de part et d’autre, nos échanges ici exposés furent empreints de la plus grande courtoisie ?
Et cela aussi me sied !
À bientôt lire une nouvelle « Critique en une phrase ».
Richard