2020, une rentrée proustienne

Published by Nicolas Ragonneau on

La rentrée sera riche en parutions proustiennes, pour certaines repoussées depuis le confinement. Cet automne 2020 semble sonner le départ d’une actualité qui ira grandissante jusqu’au centenaire en 2022. En revanche, c’est la disette pour le spectacle vivant, qui ne se remet pas des mesures sanitaires.

Livres

Balbec. Proust et Cabourg de Jean-Paul Henriet (Gallimard) le 8 octobre. Grand seigneur, l’ancien maire de Cabourg partage sa collection personnelle avec les lecteurs dans un beau livre au format à l’italienne, riche en photos et illustrations. Je publierai prochainement un long entretien avec l’auteur où nous reviendrons amplement sur cet ouvrage.

Marcellisme. Marcel Proust – mélanges par Roland Barthes (Seuil, Fiction et Cie) le 15 octobre. C’est l’un des événements de la rentrée proustienne. Programmé au printemps, il a dû être repoussé à l’automne en raison du confinement. Cette édition, préparée et annotée par Bernard Comment dont nous publierons prochainement un entretien, rassemble sur 400 pages toutes les contributions (écrites mais aussi radiophoniques) que Roland Barthes a consacrées à Proust, dont quelques inédits.


Toutes premières fois. Pour fêter son numéro 70, le bulletin de la Société des Amis de Marcel Proust s’offre un hors-série très alléchant (parution autour du 15 septembre) en rassemblant 70 textes de personnalités qui racontent leur première lecture de Proust, Proust pour la première fois, 70 souvenirs de lecture. Dans cet impressionnant casting, on trouve des gens de cinéma (Fanny Ardant, William Friedkin, Didier Sandre, Guillaume Galienne, Alix Bénezech…), des musiciens (Anne Quéffelec), des anciens ministres de la culture (Jean-Jacques Aillagon, Frank Riester), des dessinateurs de BD (Catherine Meurisse, Stéphane Heuet) et évidemment des écrivains, des journalistes et des universitaires (Maylis de Kerangal, Pierre Lemaître, Philippe Lançon, Gérard Macé, Jean-Yves Tadié, Lilia Hassaine, Marc Lambron, Evelyne Bloch-Dano, Paul Vacca, Jérôme Prieur, Emmanuel Pierrat, Jacques Drillon, Charles Dantzig, William Carter…). Je reviendrai plus en détail sur ce volume dans un prochain article, mais… il s’ouvre par une surprise de taille. Le hors-série est disponible dans la boutique de la SAMP et, nous l’espérons, en librairies.


Charlus en banlieue. Longtemps je me suis couché de bonheur de Daniel Picouly (Albin Michel, déjà disponible). Il l’avait annoncé au Printemps Proustien et il a tenu parole. Daniel Picouly publie un roman plein de fantaisie qui transporte les personnages de la Recherche dans la banlieue d’Orly.


Petite phrase. Proust, une vie en musiques (Riveneuve éditions). Les éditions Riveneuve reprennent en poche, à la mi-septembre, le beau livre-CD paru en 2012 et qui rassemble des textes sur Proust et la musique signés Pierre Boulez, Luc Fraisse, Hubert Haddad, Raphaël Enthoven…

Petites phrases.
Musiques de Proust (Hermann), sous la direction de Cécile Leblanc, Françoise Leriche et Nathalie Mauriac Dyer est un ouvrage collectif et pluridisciplinaire de plus de 400 pages qui propose « une cartographie du monde musical proustien ». Disponible depuis la fin août.

Questionnaire, le retour.
Jouons à Marcel et à Antoinette Faure : Gallimard publie Le questionnaire de Proust dans sa gamme papeterie le 8 octobre. Une belle idée de cadeau pour la fin d’année.

Bulles. Finalement le tome 8 de la série BD de Stéphane Heuet, prévu à l’origine pour la fin de l’année chez Delcourt, est reporté au printemps 2021. On pourra toujours patienter en admirant ses planches à l’hôtel Swann, qui rouvre ses portes le 7 septembre après plusieurs semaines de travaux.


Docteur Dieu. Il sera sans doute question de Proust dans L’homme en rouge de Julian Barnes (Mercure de France, parution le 10 septembre) qui raconte la destinée flamboyante et tragique du chirurgien et gynécologue Samuel Pozzi. Le médecin le plus célèbre de la Belle Epoque était assisté de Robert Proust à l’hôpital Broca avant la Grande Guerre ; il comptait parmi les nombreux médecins de Marcel et fut, entre autres conquêtes, l’amant de Sarah Bernhardt. Signalons également, toujours de Julian Barnes, Dans la loge, pas dans une boîte ! un texte sur la peintre Mary Cassatt aux éditions La Pionnière paru ce printemps.

Contre la déchéance. Josef Czapski est célèbre pour son extraordinaire Proust contre la déchéance, mais qui était-il vraiment ? Josef Czapski, l’art et la vie d’Eric Karpeles, auteur du Musée imaginaire de Marcel Proust, consacre la première biographie à ce peintre qui fut aussi un inlassable défenseur de la mémoire des soldats polonais massacrés à Katyn. Parution le 8 octobre.
Signalons également, du même auteur et à la même date une nouvelle édition de Terre inhumaine avec une importante préface de Timothy Snyder. L’édition originale était parue en 1947, préfacée par Daniel Halévy.

Enfin, les fidèles lecteurs de Jean-Yves Tadié seront sans doute intéressés par Malraux, histoire d’un regard, dont la parution est prévue pour le 12 novembre chez Gallimard.

Expos

Auxiliaire de vie. Catherine Meurisse, qui a contribué au hors-série du bulletin de la SAMP avec quelques planches dessinées spécialement, présente « Catherine Meurisse, une vie en dessin » à la Bibliothèque Publique d’Information à partir du 30 septembre.

Le cercle. L’exposition James Tissot est toujours visible au Musée d’Orsay jusqu’au 13 septembre, tout comme Turner, jusqu’au 11 janvier 2021 au musée Jacquemart-André.

Salons

Bibliophilie. Le salon International du Livre Rare, dont la Société des hôtels littéraire est partenaire, se tient au Grand Palais du 18 au 20 septembre. On y trouvera forcément quelques proustiana.

Proust à Verdun. Je serai présent, en compagnie de Jérôme Prieur, au Salon du livre d’histoire de Verdun le samedi 7 novembre après-midi. Je dédicacerai Proust, Commercy 1915 (La Pionnière) et Jérôme prendra la parole autour de La moustache du soldat inconnu (Seuil) et signera, pour ceux qui le souhaitent, son Chez Proust en tournant (La Pionnière). 

Théâtre / lectures

Un mot pour finir sur le théâtre. Si le Côté de Guermantes adapté et mis en scène par Christophe Honoré, a priori complet depuis des mois, sera finalement joué du 30 septembre au 15 novembre au théâtre Marigny, difficile de savoir ce que sera cette rentrée pour le spectacle vivant, terriblement sinistré par la crise sanitaire. On espère évidemment que les planches seront foulées de nouveau partout, et rapidement.
Cependant la Maison de la Poésie accueille Marianne Denicourt le 5 septembre pour une lecture du Monsieur Proust de Céleste Albaret. Et Véronique Abouy lui emboîte le pas puisqu’elle reprend, pour la troisième année consécutive, sa « Tentative pour résumer la Recherche en une heure » le 16 septembre, le 1er octobre et le 13 octobre (20h).

Categories: Proustiana

3 Comments

Richard LEJEUNE · 1 septembre 2020 at 12 h 48 min

Bonjour à vous, Monsieur Ragonneau. M’autorisez-vous à porter le lien vers votre présent article à la fin de mon intervention de ce matin dans laquelle, d’après vous déjà, je cite le « Cahier de l’Herne » de janvier prochain ?

    Nicolas Ragonneau · 1 septembre 2020 at 12 h 49 min

    Bien sûr !

Guz · 4 octobre 2020 at 13 h 17 min

Suzy-Mante Proust en parlant de son père Robert dit :

« En 1904 il était agrégé ; jusqu’à la guerre il a été l’assistant de Pozzi à l’hôpital Broca, où il s’est occupé de gynécologie et de recherches sur le cancer. L’influence de Pozzi sur mon père n’a pas été très bonne. C’était un médecin très célèbre, très mondain, un fin lettré : il avait été l’amant de Mme Strauss, la veuve de George Bizet. Il était très nerveux, quand on ne comprenait pas son nom au téléphone, il s’écriait « Pozzi, p,p,p, comme poudre à canon. » … 

Marcel Proust et les siens, Claude Francis et Fernande Gonthier

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