Hope Newhouse lit un extrait du Côté de Guermantes
La comédienne américaine Hope Newhouse, originaire de Boston mais installée à Paris depuis 14 ans, célèbre à sa manière le centenaire du Côté de Guermantes par une lecture à haute voix de son extrait favori, qui est aussi un des morceaux de bravoure du tome 3 de la Recherche.
Ma rencontre avec Hope Newhouse doit presque tout au hasard des rencontres que l’on fait dans l’exercice de son métier. C’est en enregistrant des voix pour une méthode d’apprentissage d’anglais destinée à la jeunesse que nous en sommes venus à parler de Proust. J’avais remarqué que son site personnel s’ouvrait par cette citation des Jeunes filles en fleurs : « Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n’est pas moins de rêve, mais plus de rêve, mais tout le rêve ».
Spécialiste du théâtre et du livre audio
Originaire de Boston, cette francophile polyglotte s’est installée à Paris il y a quatorze ans. Sa carrière de comédienne en anglais comme en français montre un parcours riche et varié qui va de la voix off au livre audio, une des spécialités qu’elle enregistre directement chez elle, dans son homestudio et qui lui vient de son amour pour la poésie et pour la littérature en général. Hope a aussi une forte expérience du théâtre, qu’elle partage dans l’école d’art dramatique créée en 2016, Acting with Hope, destinée aux anglophones parisiens et dont le succès ne se dément pas.
Hope n’est pas seulement une comédienne dont la voix, le sérieux et les compétences séduisent. C’est aussi une femme d’un goût exquis, aussi lui ai-je proposé de lire à haute voix son morceau préféré du Côté de Guermantes pour célébrer les cent ans de cet ouvrage, si productif en passages d’anthologie.
Un passage adoré des Dadas
Elle a choisi l’épisode des bruits à Doncières, des pages qu’André Breton et Philippe Soupault aimaient tout particulièrement puisqu’ils avaient proposé à Proust (« Les Dadas se pâment sur mes pages relatives à la surdité » comme il l’écrit dans une lettre à Jacques Boulenger de novembre 1920) de les publier dans une livraison de la revue dadaïste Littérature en 1920, et que Hope présente ainsi :
« Quand j’ai lu la Recherche, à 25 ans, je me suis dit que même si je ne parlais plus jamais français, toutes mes années d’études auraient valu la peine puisque j’avais pu, un jour, lire Proust dans sa version originale. Mais je n’aurais jamais imaginé que quelqu’un me demande, 10 ans plus tard, d’enregistrer un extrait de son œuvre ! Replongée dans Le côté de Guermantes, je me suis souvenue avoir été fascinée par plusieurs extraits, dont la longue description de la stratégie militaire comme art par Saint-Loup. Cependant, j’ai choisi ce passage, dans lequel les sons évoluent d’un bruit incessant à l’écroulement dramatique et sourd d’un bâtiment. Son rythme, sa poésie ludique et profonde, ses images et sa théâtralité — tout cela m’a tout simplement coupé le souffle. »
1 Comment
Guz · 18 novembre 2020 at 8 h 30 min
Quelle bonne idée ! Merci.