Proust Fantôme de Jérôme Prieur

Proust Fantôme de Jérôme Prieur

CRITIQUE EN UNE PHRASE. Proust fantôme de Jérôme Prieur (Le Promeneur, 2001 ; Folio, 2006).

À petites touches disjointes, discontinues, musicales, parfois quasi gnomiques, Jérôme Prieur (le M. Verdurin un peu inquiétant du Temps retrouvé de Raoul Ruiz) se transforme en piéton de Paris chasseur de spectres ou de vampires (Proust et ses mœurs nyctalopes aurait fait un magnifique Dracula), rêve à voix haute, parcourt le grand livre des morts et dessine les contours incertains et mouvants d’un Marcel Proust auquel il donne la beauté étrange des modèles des photos d’August Strindberg ou des gravures d’Edvard Munch ; voici le Marcel de la nuit, le poème en prose, archéologique, hypnotique, essentiel (parce qu’il exprime l’essence de toute la littérature d’hagiographie proustienne mais aussi le parfum du tournant du siècle) du mythe et du fantasme littéraire : jamais sans doute le lecteur ne s’est approché d’aussi près de l’écrivain en si peu de mots, jamais sans doute le lecteur ne l’a aussi bien vu — mieux, dans tous les cas, que sur ce Saint-Suaire de celluloid, ce caméo apocryphe lors du mariage filmé du Duc de Guiche, qui rend désormais encore plus péremptoires et ironiques ces mots de Prieur : « Marcel Proust n’a été filmé par personne ».

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