Une jeunesse de Marcel Proust d’Évelyne Bloch-Dano
CRITIQUE EN UNE PHRASE. Une jeunesse de Marcel Proust d’Évelyne Bloch-Dano (Stock, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019, prix Céleste Albaret 2018).
Il n’existait pas d’étude sérieuse et approfondie sur ce malentendu fondamental au génitif ambigu qui se nomme le Questionnaire de Proust (et qu’on devrait plutôt appeler, au choix, « les confessions du jeune Marcel » ou « Marcel à confesse ») et qui a tant fait pour sa notoriété dans la culture populaire, mais qui n’était qu’une infime partie des albums d’Antoinette Faure rassemblant les nombreuses contributions de ses amis à la fin des années 1880 ; Évelyne Bloch-Dano s’est emparée du sujet et, à l’issue d’une enquête longue et minutieuse, délivre un faux portrait du jeune Marcel Proust en guise de chronique sociale de la bourgeoisie fin de siècle, une chronique à laquelle rien ne manque (sous une couverture superbe), ni le manifeste féministe mais discret des jeunes filles en fleurs, ni l’anglomanie naissante — et qui montre bien, puisque la bourgeoisie et les les élites épousent la langue anglaise sans réserve, que le français perd irrémédiablement son statut de langue mondiale —, ni la documentation des livres à la mode ou de l’éducation, ni même l’esprit de revanche suite à la défaite de 1870, qui présente le ferment indéniable des futures catastrophes européennes (Première et Seconde guerres mondiales).
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