Sur Proust de Walter Benjamin
CRITIQUE EN UNE PHRASE. Sur Proust de Walter Benjamin (NOUS, 2015).
Ce recueil rassemble l’ensemble des textes que Walter Benjamin, traducteur de Proust en allemand avec son ami Franz Hessel (À l’ombre des jeunes filles en fleurs en 1926 et Le côté de Guermantes en 1930), a consacrés à Marcel Proust, cet « enfant-vieillard », grâce au travail de l’universitaire Robert Kahn (qui signe par ailleurs une excellente préface) ; la vision de Benjamin est unique et profondément originale, et si on ne devait retenir que quelques idées forces, c’est à la lecture d’un Proust subversif, marxien sinon marxiste, que Benjamin nous invite (« Les dix mille de la haute société constituaient pour lui un clan criminel, une bande de conjurés à laquelle nulle autre ne peut se comparer : la camorra des consommateurs ») mais le plus étonnant est peut-être lorsqu’il suggère qu’on accorde trop d’importance chez Proust à la mémoire, et pas assez à l’oubli : « Et cette œuvre de remémoration spontanée, dans laquelle le souvenir est la trame et l’oubli la chaîne, n’est-elle pas plutôt le contraire du travail de Pénélope que son analogue ? ».
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