2022, un bilan du centenaire de la mort de Proust

Published by Nicolas Ragonneau on

Dessin d'Eric Héliot montrant Proust sous les livres
Dessin original d’Eric Héliot (2023) pour Proustonomics.

Plus de cent livres, trois expositions, des salles remplies et enthousiastes pour des concerts, des lectures, des pièces de théâtre, des rencontres, des colloques comme s’il en pleuvait. C’était l’année du centenaire Proust, avec un ruissellement de l’offre culturelle jamais vu pour un écrivain du XXe siècle.

A‑t-on déjà vu un écrivain davantage célébré que Marcel Proust en 2022 ? Une simple analyse de l’intégralité des lettres d’information envoyées aux adhérents de la Société des Amis de Marcel Proust tout au long de l’année permet de comptabiliser 162 événements (signatures, concerts, spectacles, lectures, expositions, visites, conférences, colloques…  et quelques-uns ont forcément été oubliés en route) en France. Soit un événement proustien tous les 2,2 jours ! La célébration a été mondiale, et cette fréquence d’événements et d’hommages serait encore plus spectaculaire en comptant les colloques ou les journées d’étude en Irlande, en Belgique, en Espagne, en Italie, en Suisse, aux Etats-Unis et même en Turquie, l’exposition au Japon ou celle au Brésil…

À Paris, l’équipe de Jacques Letertre n’a pas ménagé sa peine : sur ces 162 événements, pas moins de 17 soirées consacrées à Proust étaient organisées à l’hôtel Swann, et même 24 en comptant celles qui se sont délocalisées dans le cadre du Festival Proust de la plaine Monceau en mars. Philippe Aubier, directeur de la librairie Fontaine Haussmann, partenaire du Festival et créateur avec Jacques Letertre du prix Céleste Albaret, annonce une fréquentation de 3000 personnes pour l’ensemble du programme. Les Journées Musicales Marcel Proust ont également été un succès, particulièrement à Paris et sur la Côte Fleurie. Le bilan des manifestations à Evian est un peu plus mitigé, mais c’était la première fois qu’un festival proustien d’envergure se dépaysait sur les rives du Léman. Et il n’a pas été aidé par l’annonce de grèves qui ont découragé bien des festivaliers.
Thomas A. Ravier a beau affirmer dans Diacritik, non sans raison mais avec naïveté, que “cette consécration ressemble à un coup monté, un de plus, par l’économie marchande”, le centenaire a incontestablement fait lire Proust à de nouveaux lecteurs. Et quelle célébration officielle d’un écrivain ou d’un artiste au XXIe siècle n’a pas son versant marchand ? “La canonisation de l’écrivain a pour corollaire aussi paradoxal qu’inévitable sa marchandisation” me disaient Adeline Wrona et Marie-Ève Thérenty dans un entretien de juin 2021.

Un livre sur Proust tous les 3,6 jours

Une partie du premier chapitre de mon livre Proustonomics, cent ans avec Marcel Proust se nommait “Proust ad nauseam” et prophétisait (pas besoin d’être grand clerc pour cela, je vous l’accorde) un déferlement de parutions en 2022. Je m’étais promis d’en faire un décompte précis, mais Jean-Claude Perrier, dans un article intitulé “Proust superstar” (Livres-Hebdo du 26 octobre 2022) m’a devancé : la base ELECTRE révèle que 324 livres sur Proust ont paru depuis 2019. Avec les nouveautés de la toute fin d’année 2022 et celles qui ont dérapé sur le début de 2023, on peut en rajouter une bonne dizaine et on arrivera, pour la seule année 2022, à plus de 100 parutions. Si on retire les dimanches de ces quatre années 2019–2022, un livre sur Proust est paru tous les 3,6 jours. Il faut rappeler que sur ce cycle 2019–2022, trois années ont donné lieu à des célébrations : centenaire du Goncourt d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs en 2019, 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain en 2021 et enfin centenaire de sa mort en 2022. On peut donc parler d’une publicité unique dû à un alignement du calendrier comme il en arrive très peu souvent.

Lever les inhibitions

Clara lit Proust de Stéphane Carlier est la plus grosse vente de l’année du centenaire. Que ça vous plaise ou non.

Ce matraquage proustien a sans doute eu un pouvoir désinhibant bienvenu. Dans l’émission de Laure Adler, Laure Murat, professeure à Los Angeles, racontait qu’enseigner Proust, consiste, avant d’aborder l’œuvre à proprement parler, à passer par un sas de désinhibition d’une semaine. De ce point de vue, Clara lit Proust de Stéphane Carlier, version capillaire et féminine d’Une lecture de Roland Cailleux, roman mettant en scène une jeune coiffeuse de Saône-et-Loire dont la vie est bouleversée par la lecture de Proust, résonne aussi bien comme un programme que comme un vœu pieu ! Ce livre, lauréat du prix du cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec, est assurément le grand gagnant de l’année du centenaire, avec 31000 ventes cumulées à fin janvier 2023. Pas mal pour un récit arrivé par la poste aux éditions Gallimard, et dont la lecture déclenche des débats passionnés sur la Toile. “Un peu à la manière du livre d’Alain de Botton, il me semble que la force de Clara lit Proust est d’évoquer simplement, par le biais de la fiction, une chose essentielle : comment la lecture de Proust peut changer nos vies” me confiait son éditrice, Maud Simonnot, et c’est “une formidable porte d’entrée dans l’univers merveilleux de Marcel Proust”.

Un enjeu important chez Gallimard

Chez Gallimard, l’éditeur historique d’À la recherche du temps perdu, l’offre a été nombreuse, et de qualité, avec notamment un recueil de lettres inédites à Horace Finaly. L’enjeu était important pour une maison qui détient plus de 70 % de parts de marché des ventes du roman proustien et qui n’entend pas céder le moindre terrain. En Pléiade, l’édition Tadié a été rééditée en deux volumes sous coffret, sans les notes ni les variantes. Cette version “nue” a séduit 8000 lecteurs, quand le volume d’Essais édité par Antoine Compagnon, Christophe Pradeau et Matthieu Vernet s’est écoulé à 5000 exemplaires.

Folio classiques a achevé le cycle de recomposition des sept tomes du roman proustien, un enjeu de taille puisque les ⅔ des ventes de la Recherche en poche se font dans cette collection (qui fêtait ses 50 ans en 2022). Avec 72000 exemplaires en cumul, la vente des œuvres de Proust dans la collection a connu une nette augmentation : + 28 % par rapport à 2021. Pour la Recherche en un volume dans la collection Quarto, c’est encore plus significatif avec une progression de plus de 32 % (6500 ventes en 2022 contre 4900).
Parus en septembre en trio, la réédition de la biographie de Jean-Yves Tadié, de Proust prix Goncourt de Thierry Laget et la parution d’un inédit très original, l’anthologie Proust-Monde, ont réussi de bonnes ventes en Folio. Jean-Yves Tadié a mis à jour ses deux volumes en corrigeant quelques brimborions et en tenant compte des dernières découvertes ; il est récompensé avec 8700 exemplaires vendus. Proust-Monde, quand les écrivains étrangers lisent Proust, a trouvé 4600 acheteurs.

Le concurrent principal de Folio, Le Livre de Poche, a commencé la publication en novembre d’une nouvelle édition de la Recherche, coordonnée par Matthieu Vernet, par Du côté de chez Swann, À l’ombre des jeunes filles en fleurs et “Un amour de Swann” ; j’ignore les chiffres de vente, mais l’éditeur me signale  qu’une réédition de ces trois titres est déjà en cours.
Chez Grasset,  l’autre éditeur historique de Proust, la débutante Mathilde Brézet s’est taillé une belle part des ventes d’essais avec 5500 exemplaires de son dictionnaire Le grand monde de Proust, bien aidée par les prix Céleste Albaret et Khôra-Institut de France.
Sorti au printemps pour coïncider avec l’expo du mahJ, Proust du côté juif d’Antoine Compagnon (Gallimard) a aussi connu des écoulements intéressants, surtout pour un livre à plus de 30 euros. Deux livres sortis au premier semestre, qui évitent l’embouteillage constaté de parutions innombrables de septembre à octobre, et qui n’a fait que diviser le CA. En fin d’année, les ventes du beau-livre de Pedro Corrêa do Lago, Marcel Proust, une vie de lettres et d’images chez Gallimard, sorti en octobre ont été dynamiques (3400 exemplaires). Le livre le plus cher du centenaire, Proust et les arts (Hazan, parution octobre, 120 euros), s’est écoulé à 800 exemplaires, un score très honorable.
Des rééditions nombreuses (L’Arche et la Colombe chez Michel Lafon, l’intégrale de la Recherche en audio chez Thélème, désormais propriété de RB media, Les amis de Marcel Proust de Cattaui à l’Herne, le choix de lettres de Proust chez Plon) sont venus s’ajouter aux « vraies nouveautés » de la fin de l’année. Le Monde de Proust vu par Nadar par exemple, passe en broché avec un nouveau prix de vente.
Enfin La Revue des deux mondes a fait sa meilleure vente de l’année avec son numéro spécial “Proust et les juifs” de mai-juin. 8000 exemplaires ont été vendus grâce à la diffusion très puissante en librairies et en kiosques qui fait la force de cette revue historique.

Proust, ce 8e art

Signe des temps ? Pour la première fois dans l’histoire de l’édition, la meilleure vente de livres de l’année est une bande dessinée, Le monde sans fin de Blain et Jancovici, qui n’est pas une licence. Ainsi 2022 a vu la parution de trois ouvrages proustiens au rayon BD. Céleste – Bien sûr Monsieur Proust de Chloé Cruchaudet, le roman graphique Monsieur Proust de Stéphane Manel et Corinne Maier, la nouvelle version de Combray par Stéphane Heuet, qui a repris l’intégralité de son premier volume avec de nouveaux dessins, une mise en couleurs inédite, et des textes réagencés. Malgré la couverture trop peu différenciée de l’édition précédente, c’est un tout nouveau livre, comme disait Jacques Copeau, qui mérite d’être (re)découvert. On peut voir dans ces trois BD une confirmation du passage d’une culture lettrée à une culture de l’image qui la supplante désormais largement et qui n’épargne aucun segment de l’édition traditionnelle.

Proust en prime time

Augustin Trapenard voulait une Grande Librairie populaire, rythmée, rapide. Participant à l’émission du 16 novembre, je me garderai bien de porter le moindre jugement sur son intérêt, mais je peux au moins vous livrer les chiffres d’audience. L’émission a été suivie par 440000 personnes et a réalisé 2,1 % de parts d’audience (chiffres médiamétrie). On est loin des records de ce programme, mais pour un classique centenaire, c’est une performance honorable, qui aura sans aucun doute favorisé les ventes de Philippe Delerm, Oxmo Puccino, Chloé Cruchaudet ou Catherine Meurisse. Dans le public se trouvaient de nombreux libraires ce soir-là, et notamment Philippe Aubier de la librairie Fontaine Haussmann, Marie-Ève Charbonnier de la librairie Paroles à Saint-Mandé (94) et Benoit Trémolières de l’Infinie Comédie à Bourg-La-Reine (92). J’ai interrogé ces trois libraires d’Ile-de-France et Luc Cousin, de la librairie Lire au quotidien de Cabourg sur la manière dont ils ont vécu et animé cette année proustienne. Tous confirment d‘une manière ou d’une autre que les ventes de 2022 doivent s’envisager dans ce cycle de 4 ans évoqué plus haut. Les années 2019–2002 ont permis de bien travailler le fonds proustien, dans la durée. Du côté de chez Swann en grand format a ainsi connu des résultats inhabituels chez les libraires interrogés, comme d’autres tomes dans une moindre mesure.  À la librairie Paroles, Marie-Ève a vendu six volumes de Du côté de chez Swann en blanche contre un seul en 2021. Toujours dans sa librairie, Le cahier de l’Herne Proust paru en 2021 a poursuivi ses ventes en 2022.

Un véritable impact en librairie

Luc Cousin à Cabourg, avec près de 200 références, et Philippe Aubier à Paris VIII, avec 300 références, possèdent deux des plus beaux rayons proustiens de France. Tous deux font un constat identique, celui d’une augmentation des ventes du rayon en 2022. Pour Cabourg c’est + 10 % depuis l’ouverture de la Villa du Temps retrouvé au printemps 2021, et pour Fontaine Haussmann, “c’est 30 % du nombre d’articles vendus en 2022. Un peu plus de 6000 volumes concernant Marcel Proust sont sortis ; sur 295 jours d’ouverture de la librairie cela fait donc en moyenne deux livres par jour.”. L’Infinie Comédie a constaté une belle progression des ventes de la Recherche en Folio avec « 55 ventes du premier tome en 2022 contre 20 en 2021. ». Pour Luc Cousin, la prime est au local, même si les ouvrages ne sont pas des nouveautés : Proust et Cabourg de Jean-Paul Henriet et À la table de Proust de Valérie Duclos et Guillaume Czerw (paru dans une maison d’édition normande) ont maintenu leur ventes à haut niveau en 2022. Les meilleures ventes proustiennes de l’année dans la librairie de Bourg-La-Reine sont Proust du côté juif d’Antoine Compagnon et Le grand Monde de Proust de Mathilde Brézet. Les quatre libraires s’accordent à dire que les différentes adaptations graphiques de l’univers proustien ont réalisé de belles ventes, séduisant un public « un peu différent » de l’habituel proustophile comme le souligne Philippe Aubier. Pour lui, cet anniversaire a permis d’agir à trois niveaux : donner l’occasion à beaucoup de gens de découvrir l’écrivain, encourager ceux qui le connaissaient sans l’avoir lu à s’y initier ou à y retourner et, enfin, décider ceux qui souhaitaient s’y replonger. 

Proust sur les ondes

France Culture a su se hisser à la hauteur de l’événement avec le podcast Proust, riche de 68 épisodes (le nombre d’épisodes est assez variable selon qu’on fait les comptes sur France Culture ou sur les plateformes de streaming), qui totalisent 730000 écoutes à la demande, c’est-à-dire hors direct. La règle du jeu de “Proust, le podcast”, définie par Charles Dantzig, voulait que chacune des émissions de la grille de France Culture consacre au moins un épisode à l’écrivain. Le résultat est assez inégal. Certaines équipes ont joué le jeu, d’autres pas du tout, d’où quelques émissions au niveau faiblard, trahissant une grande impréparation ou méconnaissance du sujet. Ces ratés rappellent qu’une bonne émission ne dépend pas seulement de la qualité des ses invités. La question des lecteurs de Proust et de la sociologie de cette lecture, par exemple, méritait assurément mieux ; on aurait aussi aimé une plus grande variété d’intervenants. À cet égard je ne vois pas trop l’intérêt, dans une radio du service public, d’écouter Charles Dantzig s’inviter lui-même dans son podcast, en l’occurrence dans l’émission “Concordance des temps” de Jean-Noël Jeanneney consacrée à Proust le 22 janvier 2022.
La Grande Traversée, “Proust cousu main”, conçue par Christine Lecerf et réalisée par Anne Perez-Franchini, réussit une magnifique performance avec un total de 435000 écoutes en seulement 5 épisodes. Un succès largement mérité au vu de la grande qualité de la série, et qui aurait largement supporté 10 épisodes. En cumul, les émissions sur Proust sur France Culture auront généré 1165000 écoutes à la demande.

L’Italie a également eu son podcast proustien, Chez Proust, conçu par la pétillante philosophe Ilaria Gaspari, qui passait des proustiens sur le grill en une quinzaine d’épisodes de 30 minutes.

Proust au musée : la sainte Trinité

Déjà une relique…

Le musée Carnavalet a ouvert le bal de la trilogie muséale proustienne le 16 décembre 2021 avec “Marcel Proust, un roman parisien”, suivi à bout touchant, quatre jours après sa fermeture, de « Proust du côté de la mère » au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme et enfin, un mois et demi après l’expo du mahJ, de la grande exposition “Marcel Proust, la Fabrique de l’œuvre” à la BnF. Pendant seulement 46 jours en 2022, il n’y avait pas d’exposition Proust à visiter. Trois accrochages, trois angles différents, avec des pièces communes aux trois expositions, et des fortunes diverses en termes de fréquentation. Malgré la crise sanitaire et une explosion du nombre de cas de Covid en janvier et en février (tous ces gens masqués formaient un Carnaval laid dans les allées de l’institution), le musée de l’histoire de Paris totalise 100 000 visites et 8000 ventes pour son catalogue ; à quelque 700 m de Carnavalet, le musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a pris le relais avec “Marcel Proust du côté de la mère”, une exposition qui a attiré 34788 visiteurs et dont le catalogue s’est écoulé à 1343 exemplaires ; enfin l’exposition de la Bnf, qui montrait de nombreux manuscrits et d’inédits était centrée sur la création littéraire. Elle a fermé ses portes le 22 janvier 2023 et a cumulé 28000 visites et 6500 ventes de catalogue. 

La BnF, dimanche 22 janvier 2023, dernier jour de l’exposition « Marcel Proust, la fabrique de l’œuvre ».

La première fait le plein

Si l’exposition de Carnavalet est un si grand succès, il s’explique sans doute autant par l’envie, pour de nombreux visiteurs, de découvrir le musée sous ses nouveaux atours, que de découvrir les relations complexes de l’écrivain à la capitale. Commencer cette série de trois expositions s’est avéré un avantage majeur ; la fréquentation plus modeste des deux autres expositions, dont les thèmes intéressaient a priori un public moins large, s’explique peut-être par une forme de lassitude due à la répétition des événements et au ruissellement de l’offre proustienne. L’examen des fréquentations hebdomadaires pour ces trois expositions donne une meilleure idée de leurs dynamiques respectives : Carnavalet enregistrait 6250 visites hebdomadaires pour 16 semaines, le mahJ 1789 visites hebdomadaires pour 19 semaines et la BnF 2000 visites par semaine pour 14 semaines. En cumul les trois expositions Proust ont fait 164000 visites dans une année 2022 qui restera celle de nombreux records pour les musées français (avec notamment, le record absolu du musée d’Orsay  : Munch et ses 700000 visiteurs). Une constante : le nombre de visites ne recoupe pas le nombre de visiteurs. Ceux-ci sont moins nombreux que celles-là, car les proustiens passionnés ont visité chacune des expositions plusieurs fois.

Pendant ce temps, le musée éphémère Marcel Proust à Illiers-Combray cumulait 3900 visites, un chiffre honorable pour ce lieu transitoire qui a permis au village de participer, tout au long de cette année, aux célébrations proustiennes, et dont Jérôme Bastianelli, président de la Société des Amis de Marcel Proust (qui comptera sous peu 1000 membres), se réjouit. La réouverture de la maison de tante Léonie après travaux, prévue pour l’automne prochain, sera un moment important de l’année 2023 et permettra de montrer les récentes et importantes acquisitions de l’association. En plus de son bulletin annuel, la SAMP a publié une superbe plaquette consacré à la mort de Proust et ses représentations, Novembre 1922, et un très beau CD, Un clavecin pour Marcel Proust par Olivier Baumont, avec un dessin de pochette signé Stéphane Heuet. Au rayon musique, soulignons également le double CD accompagné de textes originaux chez Elstir, Ecrits dans une sorte de langue étrangère, et le disque pop de Brume Parole, Recherche Proust.

Un nouveau cycle s’ouvre

À quoi sert toute cette publicité constante, si on ne lit pas davantage Proust aujourd’hui qu’hier ?
Je rappelle souvent cette évidence : une vente de livre ne signifie pas que ce livre a été lu. Mais l’augmentation importante constatée sur les ventes  d’À la recherche du temps perdu est telle qu’elle indique clairement que 2022 aura permis d’acquérir et de conquérir de nouveaux lecteurs, parmi lesquels des candidats à l’agrégation de lettres modernes puisque Le Temps retrouvé est au programme. J’en ai rencontré plusieurs qui, depuis ce dernier tome, ont poursuivi leur lecture par le commencement.
Cela n’a rien de scientifique, mais bon nombre d’amis (qui d’ailleurs sont surtout des amies) m’ont aussi écrit pour me signaler qu’ils avaient finalement franchi le pas en 2022, et que cette lecture de Proust les émerveillaient. Les proustophiles sont-ils plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 10 ans, 20 ans, 50 ans ? Il faudra mener cette étude en profondeur en examinant un probable effet de traîne après 2022.
Car un nouveau cycle s’ouvre désormais, non moins passionnant, avec le centenaire de La Prisonnière (2023), d’Albertine disparue (2025), du Temps retrouvé (2027) et, à n’en pas douter, la découverte et la publication de nouvelles lettres inédites. 

Mise à jour du 11 février 2023. Anne-Marie Thiesse, autrice de La fabrique de l’écrivain national, a lu ce bilan et m’écrit : « L’ensemble est impressionnant et entérine effectivement la consécration de Proust comme écrivain national. »
Article mis à jour le 26 juillet.

Les chiffres présentées dans cet article sont des chiffres officiels. Ils m’ont été communiqués par les maisons d’édition et les différentes institutions. Merci à elles. N.R.


4 Comments

Dujardin · 4 février 2023 at 9 h 30 min

Cher Nicolas,

Ne soyez pas si pudique ! Combien d’exemplaires avez vous vendu de votre formidable Proustographe ? Et quel impact votre participation à l’émission de Trapenard a t’elle eu sur les ventes ?

Bien à vous 

Christophe Dujardin

Pascal Pfister · 4 février 2023 at 10 h 56 min

Heureux hasard, en 2022 « Le Défenseur du Temps » a été restauré et repris du service au Quartier de l’Horloge à Paris. https://www.paris.fr/pages/restaure-le-defenseur-du-temps-rythme-a-nouveau-le-quartier-de-l-horloge-23029

Guz · 4 février 2023 at 12 h 23 min

Eh bien, voici mes statistiques à moi concernant mes “activités proustiennes”
depuis que j’ai commencé la lecture de La Recherche
2017 8
2018 5
2019 31
2020 12
2021 49
2022 135
Dans ces 135 de 2022 : il y a 4 fois Carnavalet, 5 fois MAHJ et 3 fois BnF

Ruth Brahmy · 5 février 2023 at 17 h 01 min

Whaouh Leyla ! Quel admirable bilan de tes proustiennes activités ! Pour ma part, je n’ai pas calculé mais il est bien plus modeste, sauf pour les achats de livres et…les visites d’expo de 2022 faites en ta délicieuse compagnie !
Bravo Nicolas pour cette étourdissante, très informée et très instructive analyse des retombées des commémorations proustiennes.
A l’instar de Christophe Dujardin, le commentateur ci-dessus, j’aurais bien aimé connaître l’impact de ces commémorations sur la vente de tes deux beaux livres, Proustonomics et Le Proustographe. Ta pudeur t’honore mais nous frustre !😅

Proustement vôtre,

Ruth Brahmy

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